Chronique de Concert
Cowboys from Outerspace + Deadwood - 20 ans du label Lollipop Records
Enorme affluence ce jeudi soir... au stade Vélodrome et sur les terrasses de bar ! Avec certes un peu de chance dans le tirage, notre club de foutebolle municipal s'est hissé ce soir-là en demi-finale d'une Coupe d'Europe pour la première fois depuis 14 ans ! Ah... et pis il pleuviote, aussi ! Pas évident donc d'amener du monde au Moulin pour célébrer les 20 ans du pourtant très méritant et sexy label Lollipop Records. Le fondateur & boss Stéphane Signoret a pourtant programmé ce soir avec un certain à-propos, l'une de ses premières signatures (la première ?), et aussi la dernière en date : une affiche à faire baver de joie les amateurs phocéens ! Autant dire que celles & ceux qui sont donc là à l'heure du coup d'envoi, sont vraiment le dessus de la crème du public rock. Pourtant il a bien été prouvé que (au moins) deux punqueroqueurs locaux présents ce soir ont baigné dans le foot... au point d'avoir joué avec Zinedine Zidane (enfin, il y a plus d'un siècle).
C'est la première fois que je vois le Moulin en configuration club, et il faut avouer que ça fait une bien jolie salle, façon petit Poste à Galène, avec de belles lumières et acoustique. Y'a plus qu'à mettre de la vraie bière au bar et ce sera le paradis (ce n'est manifestement pas prévu, hélas)... Les Cowboys from Outerspace ont donc ici un bel écrin pour déchaîner, une fois de plus, les enfers du rock'n'roll : on remarque pourtant dès le début que pour une fois, ils ne jouent pas si atrocement fort que ça. Petit événement pour moi, ça me vaudra ma première dédicace sur scène : Mr Basly croit bon de préciser qu'ils jouent moins fort que d'habitude "pour pas que le barbu, là, écrive comme toujours qu'on l'assourdit" (c'est vrai, je l'écris depuis bientôt 15 ans, mais il n'empêche que ce soir tout le monde en profite !).
Il croit aussi bon d'ajouter que je les traite régulièrement de sexagénaires (c'est faux), au risque que ses certains de ses fans (eux aussi préhistoriques) se jettent sur moi. En tout cas, je suis ravi. Et leurs chansons sonnent bien mieux quand on arrive à vraiment les écouter ! Comme toujours, les deux frontmen sont sapés avec classe et gominés avec soin (seul le batteur a une dérogation, il faut bien être à l'aise pour taper comme un sourd !) - une certaine idée de l'élégance ! Au fil d'une set-list roborative, de moins en moins punqueroque/garage et de plus en plus mid-tempo avec les années, et pour le meilleur : trois musiciens sachant jouer, un chanteur sachant chanter, inutile de tout masquer dans un combat de décibels quand on est le meilleur trio de rockeunrolle en activité à l'ouest de l'Huveaune, ou bien ?
On repère ainsi de nouveaux titres, dont l'un avec un rythme façon "Rumble" (I've been loving You), super cool. Avec des ponts étroits, parfois suspendus à la simple batterie de Monsieur H, le pétillant Monsieur M déroule un concert presque parfait, comme toujours ponctué des blagounettes un peu foireuses (...c'est rien, je prépare juste ma prochaine dédicace), tandis que Monsieur B bassifie le tout avec flegme/classe et la bouche en avant, du moins quand il ne fume pas comme une cheminée. A signaler un "zouk-a-billy" très groovy (on pense à l'Egyptian Reggae de Jonathan Richman), et une jolie remontée dans les tours et les décibels sur la fin. Et bien sûr pour conclure, leur tube total et immarcescible, You Choke Me Up, étirée à l'envi et géniale comme toujours. Nice job, folks !
[Pendant le concert, il m'est revenu le souvenir amusant de mon premier achat à Lollipop Rec., il y a environ 15 ans : Mr S. m'avait envoyé par la Poste (puisque le magasin éponyme n'existait pas encore) le vinyle des... Cowboys From Outerspace (ça ne s'invente pas), celui avec le squelette à cheval. Alors qu'encore aujourd'hui, je suis certain de lui avoir commandé un CD ! Le fait d'avoir contemplé avec frustration ce bel objet sur une étagère, n'est évidemment pas pour rien dans le fait de m'être finalement racheté une platine vinyle, quelques mois après. Tel un dealer qui vous offre la première dose, le machiavélique Signor Signoret savait-il déjà qu'il ferait de moi, une décennie ans après, un de ces pauvres junkies du sillon qui font la queue devant chez lui à tous les Disquaire Days, dans l'espoir de choper la réédition du premier Little Richard ?!]
Setlist CFO (pas tout à fait lisible) :
Extra Wight
Back Haired Cockmar (?)
Strange Kind of Hell
Lost Men Blues
My Favourite rock'n'roll
I'm Waiting
I've been loving you
She Wanna Take Drugs
I Wanna be Pictured
Dancing Machine
Every(?) For Her Dog
You Choke Me Up
Les rockeurs orthodoxes ont mangé leur pain blanc, quand s'avancent ensuite les minots de Deadwood, et leur mythique petit oiseau squelette, qui vont ruer dans les brancards en ne respectant à peu près rien des codes, à part les riffs de guitare puissants et de magnifiques hurlements mâle/femelle. Basse numérique à l'octave (My Brain), boucles électro déviantes et détours hip-hop, et même un autre zouk-a-billy chelou et sympa : par moments il n'y a plus que la guitare à laquelle se raccrocher. Mais le set est ponctué d'explosives cavalcades punk-rock, plus classiques mais tout aussi prenantes (The Freaks, Run, Baby, Run). On constate avec joie que désormais Violette D, ancienne guest, est à juste titre tout le temps sur scène. En plus de chanter /brailler comme une déesse, elle complète idéalement le son de Jeremy D par des boucles (et même des boucles d'elle !), des bruits zarbi au clavier, des guili-guilis à un Theremine, etc.
Voilà un duo qui n'a besoin de personne et paraît d'ailleurs seul au monde - la communication avec le public n'est pas leur point fort. Quoi qu'il en soit, le décor pétaradant et hurlant (ce sont deux bien beaux hurleurs, avec ou sans mégaphone) étant planté, très vite, on en vient à du plus subtil, avec leur éblouissante balade toxique Sleepless Night, qui nous fait toujours le même effet qu'au premier jour. Et pas de Bedtime story cauchemardesque ? dommage... Quelques problèmes techniques sans gravité (en gros, des boucles qui s'échappent) ne les empêcheront pas de faire vibrer la salle à l'unisson, aussi en communion que dans notre souvenir pour grincer/grogner du blues électro, titiller les Beastie Boys, évoquer des voix d'ainés bluesmen et d'ainées soulwomen immenses, et enfin convoquer des images cinématographiques dans tous les esprits. Magnifique concert !
Alors oui, mille fois oui, le duo des (encore juvéniles) Deadwood armé de son superbe nouvel album "II", est bien une grande révélation - on en vient à envier les gens qui les découvrent seulement maintenant, alors qu'ils sont chaque fois meilleurs que la précédente. Et bien évidemment on reste totalement fans des (bientôt grabataires) Cowboys from Outerspace, qui eux-même progressent encore sur scène...
Quant à la question du match retour OM-Salzbourg, avouons quand même qu'on s'est tenu au courant au fil de la soirée, par quelques coups d'oeil inquiets sur des écrans amis. Le but inespéré marqué dans les prolongations, sans doute au moment-même où l'on ovationnait Mr et Mrs Deadwood saluant sur The Owl, me causera un retour en ville en serrant très fort les fesses à vélo. En effet, mes lumières sont en panne et des dizaines de voitures klaxonnantes et autres petits gros hurlants en scooter se ruent déjà vers le centre-ville, à 60 à l'heure en moyenne. La nuit ne fait que commencer à Marseille...
Setlist Deadwood : le bluesman a rigolé quand je lui en ai demandé une après... Il est vrai qu'avec une boite à rythme qui a sa propre vie, pas facile à décider à l'avance. Il nous a d'ailleurs confessé avoir oublié au moins une chanson qui était prévue...
[Par contre, merci d'avance à toute la sphère musicale locale de ne rien programmer le 16 mai au soir, pour la finale. Avec une équipe attachante, valeureuse et néanmoins un peu limitée, avec un entraineur revêche, en costard et qui ne rigole que quand il se brûle, et avec cette certitude infondée de pouvoir enfin gagner, toutes les conditions sont presque identiques à la fois précédente, à Göteborg en 2004. Et toutes les conditions sont donc réunies pour que notre club de coeur, composé de losers attachants (comme nous), se prenne à nouveau une énorme branlée...
Allez, rêvons quand même un peu : dans 15 jours et dans un monde meilleur, les Cowboys From Outerspace entreront au Rock'n'roll Hall of Fame, Deadwood passera en live dans Quotidien, et Lollipop Records vendra des conteneurs de vinyles... et bien sûr l'OM sera Champion d'Europe de la Ligue Europa. Chiche ? ]
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Critique écrite le 04 mai 2018 par Philippe
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